Avoir perdu le silence, le regret que j’en éprouve est sans mesure. Je ne puis dire quel malheur envahit l’homme qui une fois a pris la parole. Malheur immobile, lui-même voué au mutisme ; par lui, l’irrespirable est l’élément que je respire. Je me suis enfermé, seul, dans une chambre, et personne dans la maison, au-dehors presque personne, mais cette solitude elle-même s’est mise à parler, et à mon tour, de cette solitude qui parle, il faut que je parle, non par dérision, mais parce qu’au-dessus d’elle veille une plus grande qu’elle et au-dessus de celle-ci une plus grande encore, et chacune, recevant la parole afin de l’étouffer et de la taire, au lieu de cela la répercute à l’infini, et l’infini devient son écho
Maurice Blanchot

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