Victor Brauner, Le poète renaît Char éveille l’homme, 1950.
Nous nous sentons complètement détachés d’Icare qui se voulut oiseau et de Léonard qui le poussa à l’être, bien que le second, avec un génie qui nous laissa de meilleures visions, naquit longtemps après que le premier fut revenu en purée de l’air du ciel. Nous resterons, pour vivre et mourir, avec les loups, filialement, sur cette
terre formicante. Ainsi nous désobéirons gaiement à l’inconscient prémoniteur qui nous incite, en nous vêtant d’oripeaux, à fuir cette rondeur trop éclairée qu’un cancer
mortifie de ses mains savantes. Nous y sommes : malheureux et heureux, détruits et destructeurs, voraces de son allant, de ses épreuves, de ses éclats, de ses hasards, de
sa parole et de son sol. La main de l’esprit est trop lasse, les rapports sont hypnotiques, et l’évasion est monotone. Retour Amont ne signifie pas retour aux sources. Il s’en faut. Mais saillie, retour aux aliments non différés de la source, et à son œil, amont, c’est-à-dire au pire lieu déshérité qui soit. La conclusion, nous la demanderons
à Georges Bataille : « Cette fuite se dirigeant vers le sommet (qu’est, dominant les empires eux-mêmes, la composition du savoir) n’est que l’un des parcours du
labyrinthe. Mais ce parcours qu’il nous faut suivre de leurre en leurre, à la recherche de l’être, nous ne pouvons l’éviter d’aucune façon.
René Char
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